Si le terme "jumelage" est reconnu sur le plan international, il fait souvent l'objet d'une confusion et parfois même d'une controverse quant aux éléments contenus dans ce concept. C'est Jean Bareth (1912-1970), premier Secrétaire Général du Conseil des Communes d'Europe qui donna une définition de ce qui était alors la première forme de coopération entre collectivités locales :
"Le jumelage, c'est la rencontre de deux communes qui entendent s'associer pour agir dans une perspective européenne, pour confronter leurs problèmes et pour développer entre elles des liens d'amitié de plus en plus étroits".
Un jumelage c’est :
• Un contrat politique entre deux collectivités locales
• Sans limite dans le temps
• Un champ d'action pluridisciplinaire
• La participation directe des citoyens
• Un moyen de sensibilisation
• Un moyen d'initiation à la mobilité
• Un cadre d'action et de projets internationaux
• Un espace d’échanges d’expériences et d’opinions
• Une source d'apprentissage
Cette démarche est applicable partout, quels que soient la culture ou le mode d'organisation de chaque partenaire. La spécificité de ce type de partenariat réside probablement dans sa dimension "grand public" permettant à chacun de participer à partir de son environnement habituel (familial, scolaire, associatif, professionnel…) sans prérequis particulier.
Les jumelages sont ainsi des occasions de brassage de population, dans un climat de confiance et dans une ambiance de convivialité. Parce qu’ils sont des lieux de rencontre, de dialogue, d’initiatives entre les Européens de tous horizons, ils représentent un outil particulièrement pertinent de la prise de conscience de la citoyenneté et l’appartenance européenne.
Tout le monde connait les panneaux à l'entrée des communes qui vantent le jumelage avec telle ou telle cité d'Europe ou d'ailleurs. Mais à quoi servent vraiment ces partenariats ?
Réconcilier les peuples après la guerre
A l’époque, juste après la guerre, « l'objectif des jumelages est de contribuer à ramener la paix sur le continent », explique Philippe Tarrisson, directeur du pôle échanges et partenariats de l'Association française du conseil des communes et régions d'Europe (AFCCRE).
Avant-guerre, seules cinq collectivités territoriales étaient liées avec leurs homologues européennes. "Après 1945, les échanges se nouent surtout avec l'Allemagne, raconte-t-il. Des liens entre la population locale de part et d'autre de la frontière ou des points communs entre villes motivent les partenariats."
Montbéliard ouvre le bal en signant une convention avec Ludwigsburg. Lucien Tharradin, maire de la ville franc-comtoise, ancien prisonnier de guerre, résistant et déporté à Buchenwald, a alors une conscience aiguë de la nécessité d'un véritable rapprochement entre les deux peuples. Mais bientôt, des cités d'autres pays se lient à des agglomérations françaises, notamment du Royaume-Uni, de l'Italie, et plus tard d'Espagne et du Portugal, redevenus démocraties. Au début des années 1970, le nombre de jumelages explose. Plus de mille sont signés. En pleine guerre froide, l'Europe de l'Est participe au mouvement, le plus souvent avec des villes dirigées par le Parti communiste. "Depuis la chute du mur de Berlin, de nouveaux accords se sont concrétisés", relate Philippe Tarrisson.
Aujourd’hui, de très nombreuses communes de France (plus de 4000) plus ou moins grandes sont jumelées avec d'autres villes ou communes européennes…