Les jumelages franco-allemands en quête d'une nouvelle jeunesse
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Avec plus de 6.700 jumelages, la France est le pays européen qui compte le plus grand nombre de jumelages. Elle comptabilise quelque 2.281 jumelages rien qu'avec l'Allemagne. Des jumelages nombreux et durables, mais qui doivent aussi faire face à un renouvellement des générations, comme le montre une étude* de l’Institut franco-allemand et la Fondation Bertelsmann ont sur ces partenariats entre les villes françaises et allemandes, publiée le 25 janvier 2018.
Depuis 1950, date du premier jumelage entre Ludwigsburg (Land Bade-Wurtenberg) et Montbéliard (Doubs), le rapprochement des villes franco-allemandes a connu un franc succès. A l’origine, le jumelage avait pour but de créer du lien entre les deux pays suite à la Deuxième Guerre mondiale. Jusqu’en 1975, les trois principales raisons de créer un partenariat entre les communes allemandes et françaises étaient de construire une Europe pacifique (pour 82%), créer de nouvelles opportunités pour la jeune génération (69%), et se réconcilier avec un ancien ennemi de guerre (62% des sondés), selon les chiffres de l’étude "Les jumelages de collectivités territoriales - Renforcer le sentiment citoyen européen", publiée le 25 janvier et réalisée par l’Institut franco-allemand et la fondation Bertelsmann, avec la contribution de l’Association française du conseil des communes et régions d'Europe (Afccre), au moment même où l'on célèbre les 55 ans du Traité de l'Elysée. Ce rapprochement politique entre les deux pays en 1963 est une date clé dans l'histoire des jumelages puisqu'il a entraîné une vague de créations nouvelles.
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"Une place centrale dans le paysage communal"
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Depuis les années 1990, les deux premiers motifs de création de ces partenariats restent les mêmes, dans des proportions légèrement différentes. En revanche, le troisième objectif de réconciliation avec un ancien ennemi a cédé la place à une motivation de plus grande ouverture("élargir les horizons", dans 45% des jumelages).
Avec plus de 6.776 jumelages, la France est le pays européen qui compte le plus grand nombre de jumelages, devant l'Allemagne (6.048) et la Pologne (3.508). Sur le total, 2.281 jumelages sont passés avec des villes allemandes, soit un sur trois. En France, 60% des villes jumelées ont un comité de jumelage indépendant. "Dans plus d’une grande ville sur deux, l’administration joue un rôle central dans la coordination", explique l’étude. Dans les petites et moyennes villes, il y a, au contraire, un équilibre des responsabilités entre l’association de jumelage et la ville.
Dans la plupart des cas, ce partenariat est jugé comme très important et "occupe une place centrale dans le paysage communal", détaille l’étude. Par exemple, environ 900 villes profitent de ce partenariat pour organiser des voyages à l’occasion de festivités ou d’événements particuliers.
D’autres formes d’échanges entre les villes se mettent en place aujourd’hui. Des projets communs, des échanges de stagiaires, des colloques ou des conférences sont ainsi créés. De plus, dans 33% des jumelages, plus de 70 personnes vont chaque année dans la ville jumelle. Ces activités sont financées à 46% par des subventions régulières de la municipalité et à 22% par la municipalité sur la base de projets. Des fonds privés, comme les fondations et sponsors, représentent 8% du financement total, alors que les programmes de l’Union européenne ne représentent que 4% du financement total.
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Avoir plus de citoyens actifs, surtout des jeunes
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Plus les jumelages sont anciens, plus la volonté de l’approfondir est faible. Seulement 13% des villes ou communes souhaitent approfondir – en développant des projets communs ou des offres extrascolaires par exemple – ou trouver de nouveaux jumelages, alors que 56% ne souhaitent pas voir leur jumelage évoluer. Seulement 35 jumelages parmi les sondés sont en état de veille.
Malgré une situation pérenne des jumelages, qui sont ancrés à la fois dans le politique et dans la société, certains problèmes se profilent à l’horizon. Si toutes les générations se sentent concernées par les jumelages, seuls 23% des participants à des échanges ont moins de 30 ans ; 40% ont plus de 60 ans. La plupart des jumelages souhaitent attirer davantage de jeunes dans leurs membres actifs. "Les rencontres scolaires et de jeunes ainsi que l’échange entre associations jouent un rôle pivot dans le large impact des jumelages", confirme l’étude. Plus de 80% des sondés se disent aussi très favorables à ce qu’il y ait plus de membres actifs. Et 60% des jumelages estiment même que c'est une urgence.
* L’étude s’appuie sur 1.322 villes françaises et allemandes ayant un jumelage franco-allemand, ainsi que 17 groupes de discussions de personnes participant à différents types d’échanges. Un questionnaire, de 58 questions sur les qualités et les évolutions importantes du jumelage, a été envoyé par mail aux participants. Les données ont été collectées d’avril à juin 2017.